Le Prieuré du Sauvage, du XI° siècle à nos jours
L'ordre de Grandmont
Le Prieuré du Sauvage construit à la fin du XII° siècle abrita pendant plus de six siècles des moines de l'ordre de Grandmont.
L'ordre de Grandmont s'inscrit dans le renouveau du monachisme au XI° et XII° siècle. Une élite spirituelle rejetait à cette époque la vie monastique installée dans le confort matériel et recherchait la solitude pour la prière et la contemplation en créant une communauté dans des lieux retirés du monde tel le Sauvage.
Etienne de Muret, fondateur de l'ordre Grandmontain
Etienne, né en 1046, était le fils aîné du vicomte de Thiers. Il abandonne tous ses biens matériels pour se retirer en 1076 dans les bois de Muret près d'Ambazac (Hte Vienne). Etienne avait entendu l'appel du Christ au jeune homme riche.
"Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel. Puis, viens et suis moi !"
Vivant en ermite dans la forêt, il fut rejoint par quelques disciples attirés par son exemple. Ainsi se forma une petite communauté spirituelle autour d'Etienne. La qualité de son enseignement le rendit célèbre et très nombreux furent les visiteurs de la communauté.
A la mort d'Etienne, ses disciples furent chassés du bois de Muret par les Bénédictins d'Ambazac et durent si'installer quelques kilomètres plus au nord, sur un plateau qui se nomme le "plateau de Grandmont" d'où l'origine de l'Ordre de Grandmont
Les règles de l'Ordre
Les règles de l'Ordre ont été rédigées vers 1140-1150 par Etienne de Liciac, en suivant les enseignements d'Etienne de Muret rapportés par Hugues de Lacerta.
Les Grandmontains devaient vivre dans la solitude d'un lieu retiré, refuser les possessions de terres et de bétail. Ils refusaient toute fonction paroissiale, mais accueillaient les pauvres.
St Etienne et Hugues de Lacerta
Extension et déclin de l'Ordre
La bienveillance des rois de France et d'Angleterre vis à vis de l'Ordre de Grandmont fut à l'origine de sa grande extension en France. A la fin du 13° siècle, on comptait plus de 150 prieurés Grandmontains en France, mais aussi deux en Angleterre et deux en Espagne. Le département de l'Aveyron en possède deux : Comberoumal, près de St Beauzely, et le Sauvage.
L'Ordre connu ses heures de gloire avec ses 1300 religieux, il possédait des biens relativement importants. Il bénéficiait d'une profonde reconnaissance de la part des évêques et des seigneurs et d'une grande popularité. Il accueillait, soignait les pauvres, les malades, les pèlerins...
Il traversa aussi des périodes difficiles avec notamment la guerre de cent ans, les guerres de religions ainsi que des querelles internes entre clercs et convers entrainant progressivement la fin de l'Ordre. L'extinction de l'Ordre fut prononcée le 6 août 1772.
Les tumultes que traversa l'Ordre n'épargna pas le Prieuré du Sauvage. Le Sauvage fut rattaché au séminaire de Rodez et vendu aux enchères comme bien national en 1793 à Joseph Guizot de Balsac.
Le Prieuré du Sauvage
Le Prieuré du Sauvage (sauvage vient de "salvatge" et/ou "selva" qui veut dire en occitan ou bas latin : la forêt) a été fondé au 12° siècle par le comte Henri II de Rodez et son épouse Agnès. Il fut construit pour accueillir une petite communauté de 7 moines.
Au cours des siècles le Sauvage bénéficia de la générosité des notables, seigneurs, comtes et aussi de la population en quête d'une protection divine. Ces avantages en nature étaient contraires aux règles de l'Ordre.
Le Sauvage possédait deux métairies, une au Sauvage et une autre à la Garrigue. Plusieurs centaines d'hectares autour de Balsac, de Cantaussel, de Toizac appartenaient au Prieuré. Il possédait un moulin au Pas, un important vignoble entre Balsac et Capdenaguet, une maison à Rodez qui était une sorte d'hôpital. Au 15° siècle cette maison fut transformée en auberge sous le nom "d'oustal del Caval Blanc".
La cupidité de certains, des conflits d'intérêts, des tiraillements internes, des réformes mal adaptées, des ponctions financières émanant de hauts dignitaires religieux, des conditions de vie particulièrement austères et difficiles contribuèrent à affaiblir l'Ordre. Le Sauvage n'y échappa pas.
Les biens furent vendus, cédés ou abandonnés. A l'abolition de l'Ordre, en 1772, il ne restait plus que deux religieux vivant dans des conditions très précaires, l'église était déjà en partie ruinée.
En 1793 lorsque Joseph Guizot achète le Prieuré, il était surtout intéressé par la centaine d'hectares et notamment le vignoble qui en dépendait. Cependant ce bâtiment lui rendit bien service, il en utilisa une partie (église, hôtellerie, cuisine, réfectoire, cloître) comme carrière de pierres. La partie conventuelle servit de cave vinaire et de remise agricole, c'est cette deuxième partie que l'association s'efforce de restaurer depuis 1995.
En 1856, la petite fille de Joseph Guizot épouse Marcellin Palayret et c'est à leurs descendants, Bernard et René Palayret que l'Association "Les Amis du Prieuré du Sauvage" doit son existence.
Le Prieuré en 1995